Vivre un an au Canada, fut une expérience magnifique et inoubliable. J’ai énormément appris sur moi, et sur la vie en général. C’est clairement une aventure que je conseillerai à tout le monde. Cependant, je suis souvent assez amusée, voir carrément choquée, à propos des idées reçues sur l’immigration canadienne. J’ai l’impression qu’en France, on valorise à outrance cette expérience, faisant passer le Canada pour une sorte d’eldorado où la vie y est absolument formidable… Ce qui peut être effectivement le cas, parfois. Il est en effet illusoire de croire que réussir au Québec c’est du tout cuit. Par ailleurs, je pense que la décision d’aller vivre au Canada est quelque chose qui mérite réflexion. Et surtout, qui nécessite une préparation. Il faut en effet partir pour les bonnes raisons, en sachant à quoi s’attendre. Autrement dit, ne pas se fier aux reportages complètement aberrants qu’on voit passer à la télé… Je vous propose donc aujourd’hui, mes petites observations sur la réalité de l’expatriation. Attention, ces quelques éléments reflètent simplement ce que ma petite personne ressent, cela ne signifie donc pas qu’il s’agit d’une vérité universelle ! Et comme je suis plutôt bavarde sur le sujet, la deuxième partie sera publiée dans un second article :-)

1. On ne part pas sur un coup de tête ! 

Je pense que la réalité administrative est parfois un peu laissée de côté, la faute à l’euphorie de partir :-) Outre quitter votre famille, il faudra aussi quitter votre emploi, votre appartement/maison… En gros quitter votre vie, pour en créer une nouvelle à des milliers de kilomètres. Et attention, voici un scoop : on arrive pas à l’aéroport les mains dans les poches. Autrement dit, si vous souhaitez travailler au Canada, il vous faudra un permis de travail. Même chose si vous comptez y faire des études… Ces démarches sont plus ou moins compliquées, et surtout, elles prennent du temps. Un départ, c’est donc quelque chose de réfléchi, qui se prépare à 100%. Cette entrée en matière peut paraître un petit peu brutale, je le reconnais. Cependant, je trouve cela nécessaire de mettre les pieds dans le plat, une bonne fois pour toutes !


2. Gare à l’effet « Lune de Miel » 

L’expatriation, c’est comme un nouvel amour. Au début tout est rose et relativement simple. On adore le pays, les gens, la culture. Et puis, assez rapidement, la réalité a tendance à refaire surface. La routine s’installe, et on se rend compte qu’on est plus vraiment dans la phase « découverte ». Je pense qu’il est tout bonnement impossible de complètement s’intégrer. On garde toujours notre identité, notre culture et notre façon de penser. Ressentir le mal du pays, est un sentiment normal pour un expatrié. Je dirais même que cette émotion est nécessaire quelque part, elle « fait du bien ». Je ne me suis jamais sentie autant française que lorsque j’habitais à Montréal !


3. Le Canada, un eldorado ? 

Personnellement, j’ai envie de hurler à chaque fois que j’entends ça. Dîtes vous bien que le pays n’est absolument pas un eldorado, en tout cas pas comme on l’entend. Malheureusement, tout n’est pas merveilleux là-bas. Vous n’allez pas trouver le job de vos rêves en 10 minutes, obtenir une qualité de vie 100 fois supérieure à la France en quelques mois. En gros, il faut arrêter de rêver et de croire ce que les médias veulent bien raconter. La vie au Québec peut être vraiment très agréable, la preuve avec mon article précédent. Cependant, je pense qu’il faut savoir faire la part des choses, et surtout, ne pas trop attendre du pays. Ne placez pas tous vos espoirs dans une expatriation, au risque d’être très déçus. Personnellement, je trouve cela dangereux d’imaginer le Québec comme un sauveur. L’encensement de cette province et de son économie est parfois à la limite du ridicule. Je pense qu’il est nécessaire d’avoir une vision réaliste et honnête du Québec avant de s’y installer.


4. L’intégration n’est pas si facile 

C’est logique, mais je crois qu’il faut bien intégrer le fait que nous ne sommes pas « attendus » là-bas. À part dans des cas assez uniques, où votre profil et vos études sont recherchées au Québec, on va pas sauter de joie à votre arrivée à l’aéroport. De plus, la présence très importante des français au Québec, ne facilitera pas les choses. Il faut savoir que pour un permis comme le PVT, la majorité des personnes choisiront Montréal. Parce qu’on y parle français et que c’est une grande ville. Autrement dit, votre profil sera loin d’être unique :-) Au niveau de l’acceptation dans la vie quotidienne, il faut aussi se « battre » quelque part. Prouvez que vous en voulez, que vous n’êtes pas simplement de passage… On a tout à prouver lorsque l’on immigre, qu’on se le dise !  Venir s’installer au Québec, c’est d’abord être conscient que l’on va s’intégrer dans une société différente de la sienne. Car même si nous avons la langue française comme point commun avec nos amis québécois, leur culture est radicalement différente de la nôtre ! Et heureusement ! On n’immigre pas pour retrouver les mêmes repères que chez soi. Au contraire, on cherche à être bousculé quelque part. Il faudra alors faire preuve de patience, d’humilité, et surtout, d’avoir une grande ouverture d’esprit pour réussir son intégration.


5. La vérité sur la recherche d’emploi

Sur ce point, j’ai tellement vu d’expériences complètement différentes, qu’il est difficile pour moi de synthétiser voir d’émettre une quelconque hypothèse. Je suis surprise de voir, comment certaines personnes s’intègrent professionnellement au Québec avec une rapidité déconcertante, alors que d’autres galèrent davantage qu’en France… Tout d’abord, même si le taux de chômage au Québec est relativement bas (moins de 8%), il faut savoir qu’il y a davantage d’emplois précaires plutôt que de jobs ultra qualifiés. Certains domaines d’activité comme les Médias ou la Culture sont actuellement un peu au point mort. Au contraire, d’autres domaines sont aujourd’hui en manque de main d’oeuvre qualifiée (dans l’Aéronautique par exemple).
Aussi, dans la plupart des cas, il faudra revoir vos ambitions à la baisse, sans pour autant manquer d’ambitions, bien sûr. Mais pour débuter, préparez-vous à occuper un poste en dessous de vos capacités. Je ne parle pas forcément de job alimentaire, juste d’un travail moins bien qualifié. D’ailleurs, à propos du job alimentaire, la jobine comme on dit, il est assez facile d’en dégoter un. Promenez-vous le long des avenues commerçantes, et observez donc les petits panneaux « recherche vendeur » (par exemple) pour vous en convaincre. Mais attention : pour une ville comme Montréal, noyée sous l’arrivée continuelle des jeunes pvtistes, soyez à l’affût ! La concurrence est bien présente !  Aussi, parmi mes rencontres de jeunes français expatriés, une minorité pouvait se vanter d’avoir franchement « réussi » professionnellement. Il faut vraiment s’accrocher, ne pas faire confiance aux idées reçues type « au Québec, c’est le plein emploi » ! En règle générale, le premier job est le plus important. C’est lui qui vous mettra le pied à l’étrier et vous permettra de donner confiance aux futurs nouveaux employeurs. Au Québec, l’emploi est un marché flexible. Vous pouvez trouver un job le matin… Et être viré le soir même.
Quelques conseils pour trouver vite et bien : Se faire des contacts (ne pas sous estimer le pouvoir d’un carnet d’adresse !). Au Québec, le piston n’est pas tabou comme en France. Démarcher les entreprises en personne, le recruteur se souviendra peut être de vous lorsqu’il consultera votre CV ! En parlant du CV : ne pas hésiter à prendre rendez-vous avec des professionnels pour l’adapter à la manière québécoise. L’OFII par exemple peut vous venir en aide gratuitement.
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24 commentaires
  • Fay
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    Un article très intéressant ! Il est nécessaire de remettre les choses à leur place. Les gens ont tendance à avoir des idées sur le Canada un peu fausses !

    • Elsa ❤
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      Exactement, la faute aux médias et aux témoignages un peu trop exagérés :-)

  • Kantu, expat suisse en France
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    Super article, merci pour ces infos! J’attends la suite avec impatience… car je nourris un projet d’expatriation au Québec. :)

  • Silecee
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    Je n’ai pas habité au Canada, mais j’ai fait l’expérience de l’expatriation au Japon. Là-bas aussi, j’ai rencontré des gens fraichement arrivés, persuadés que la vie allait être facile (parce qu’ils étaient au Japon, le pays de leurs rêves) alors qu’ils ne parlaient pratiquement pas japonais…
    Ce genre de personnes se brûlent les ailes très rapidement, alors je trouve ça très bien que tu aies écrit un article sur le sujet. Ça évitera peut-être bien des problèmes à certains !

    • Elsa ❤
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      J’imagine qu’avec un pays comme le Japon, l’adaptation culturelle doit être encore plus dure qu’au Canada (un pays avec lequel on partage quand même une culture occidentale). Le choc doit donc être terrible pour ce genre de personnes absolument pas préparées ! Merci pour ton partage d’expériences en tout cas, je trouve ça vraiment très intéressant comme sujet :-)

  • JA_Smin
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    Je suis d’accord, il ne faut pas idéaliser le Canada. J’y habite depuis 7 ans et depuis l’an passé je redescends de mon nuage… d’ailleurs, j’ai décidé de rentrer en Europe l’été prochain!

    J’ai hâte de lire ton second article :)

    • Elsa ❤
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      Et du coup, quelles sont les raisons qui te poussent à rentrer en Europe ? Un ressenti général ou des éléments culturels/économiques/sociales en particulier ? Ton témoignage m’intéresse ! :-)

  • theworkingmum
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    tu as juste sur bcp de point ;-) nous voulions nous expatier au canada et après 3 semaines de road trip… changement d’avis même si je peux comprendre l’engouement de certains! bonne continuation!

    • Elsa ❤
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      Je ne peux que trop conseiller les personnes désireuses de s’installer au Canada que de « tester » avec d’abord un voyage, une petite immersion. Quand je vois comment certains abandonnent absolument tout sans être avertis, j’ai un petit peu peur pour eux ^^’

  • Antoine Poggetti
    Répondre

    Ton article est très intéressant. Nous avons fait un PVT d’un an au Canada, à Toronto, et nous repartons en France dans quelques jours. Nous avons été confrontés aux mêmes « problèmes », avec la difficulté de la langue en plus ;) Nous avions nous aussi fait un petit article sur le sujet, exaspérés comme toi par les discours qu’on nous rabâche sur cet « eldorado » qu’est le Canada vu depuis la France. Si tu veux y jeter un petit coup d’oeil, je me permets de mettre le lien ici : http://canadatry.fr/le-cote-obscur-du-pvt-canada-working-holiday-visa/
    On attend maintenant la suite de ton article, bonne continuation !

    • Elsa ❤
      Répondre

      Un très, très bon article que voilà ! Détaillé, réaliste, et qui m’intéresse car il ne concerne pas le Québec (pour une fois !). Il faudrait davantage d’articles comme le tien, et comme tu le dis si bien en début d’articles, et où je te rejoins à 100% : il est tellement plus « cool » de valoriser son expérience canadienne… Il faut effectivement redescendre sur terre, et se rendre compte que si les témoignages sur internet sont autant positifs, c’est parce que les gens ne partageront jamais une mauvaise expérience ! Ou beaucoup beaucoup plus rarement :-)

  • Chloé
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    Merci pour ce témoignage sincère, qui, comme dit plus haut, évitera à certains de se précipiter vers un eldorado qui n’est pas si accessible^^

  • Lucile Avecuneaile
    Répondre

    Je trouve ton article très intéressant et j’aime voir un autre point de vue je pense que jusqu’à maintenant je faisais un peu parti des gens qui pense que c’est le paradis :) j’aimerais tout de même y aller.
    Bonne semaine
    Xx

    • Elsa ❤
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      Comme je le dis en début d’article : j’encourage fortement cette expérience. Vraiment, ce voyage d’un an fut pour moi absolument magnifique. Mais il ne faut pas oublier la réalité, tout simplement !

  • Cynthia
    Répondre

    Je pense que ton article est aussi valable pour toutes les destinations! Les immigrés sont rarement attendus par les gens d’un pays!

  • Margaux Clément
    Répondre

    Coucou Elsa !
    Je découvre ton blog et ton univers aujourd’hui même et franchement, je viens de t’ajouter à la liste de mes blogs à consulter =^.^=
    Avec mon conjoint, on est en train de se préparer à l’ouverture des inscriptions pour les PVT de cette année. :) Je suis totalement d’accord, même si le Canada est un chouette pays, ce n’est pas pour autant l’eldorado ! :o

  • Nicoline Defy
    Répondre

    Super intéressant ton article, il fait réfléchir :)

    Bises <3

  • the clothes paper
    Répondre

    Très intéressant cet article! J’avais hésité pendant un temps puis j’ai changé d’avis…Je passe souvent ici (ton blog est tellement beau!) mais je n’avais encore jamais commenté… J’ai remédié à ça ;)

  • Lili
    Répondre

    J’arrive mille ans plus tard… Que dire à part que cet article est tellement vrai.
    Les personnes qui débarquent ne se rendent pas toujours comptent des difficultés del ‘intégration au Québec (ou ailleurs). Et une fois la lune de mile passée comme tu dis, c’est souvent le désenchantement…
    Et bien que la vie soit très agréable à Montréal (et plus qu’à Paris), tout n’est pas rose…

  • I love travelling
    Répondre

    Très bien écrit ton article ! Il remet effectivement les pendules à l’heure. Je pense que je pourrais écrire plus ou moins la même chose sur la Suisse. L’expatriation ou l’immigration cela se prépare et doit être un choix réfléchi et non une voie de secours. Ton blog est magnifique. Je regrette de ne le découvrir que maintenant ;-)

  • popoti
    Répondre

    Coucou , je viens de lire tes articles . Vraiment très intéressant ton point de vue ! Merci d’avoir pris le temps de tout décrire ici, ça servira surement :)

  • Stéphane
    Répondre

    Bonjour Je cherche des français expatrié au canada pour communiquer avec eux est me raconter leurs expériences merci amitié Stéphane de la Normandie

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